Le canton de Bâle-Ville et la Ville de Bâle

La ville de Bâle était déjà habitée par la tribu celte des Rauraques avant l’arrivée des Romains. Les fondations de l’ancienne forteresse, le mur gaulois (murus gallicus) sur la colline du Münster (cathédrale), sont encore visibles.

Rathaus, Lucius Munatius Plancus, le fondateur de la Colonia Augusta Raurica 

L’époque romaine et les Alamans

Basilea, nom romain de Bâle, était une ville de petite dimension à l’époque, au contraire de la colonie romaine voisine d’Augusta Raurica (Augst) qui était une grande ville. Le musée Augusta Raurica fait revivre ce passé.

Après le départ des Romains vers 400 après J.-C., l’arrivée du premier évêque joua un rôle important pour la ville de Bâle.

L’évêque et l’évêché de Bâle

Probablement en raison des invasions des Alamans à la fin du IVème siècle, Bâle devint le nouveau siège de l’évêque, qui se trouvait auparavant à Augusta Raurica.

Le diocèse et la ville de Bâle

La colline, sur laquelle sera construite plus tard la cathédrale, constitua un refuge sûr. Jusqu’à l’Empire carolingien de Charlemagne (742-814), le diocèse et la ville de Bâle ont mené une existence – sur les plans politique et culturel – sans remous.

Durant cette période, deux évêques se sont distingués : Waldo (740-814), l’un des pionniers en matière d’archivage et d’écriture alémanique, et Haito (762-836) qui fit édifier une nouvelle cathédrale à Bâle, tous deux conseillers de Charlemagne.

Le prince-évêque de Bâle

En 999 le diocèse devint une puissance séculaire et militaire. Cette année-là, le dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III (971-1032), donna à l’évêché l’abbaye de Moutier-Grandval avec toutes ses dépendances. L’importance de cette donation lia durant plusieurs siècles le destin du Jura à celui des évêques de Bâle.

En 1032, à la mort de Rodolphe III, Bâle et le pays jurassien furent incorporés au Saint-Empire romain germanique. L’évêque devint vassal de l’empereur. Ainsi, la principauté épiscopale de Bâle fut une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain germanique.

Elle était aussi appelée Evêché de Bâle. Et le prince-évêque de Bâle était prince du Saint-Empire romain germanique.

En 1019, soutenu par l’empereur Henri II (974-1024), Adalbéron II, alors évêque du diocèse de Bâle, transforma le Münster (cathédrale) de Bâle, en construisant notamment des tours de part et d’autre du chœur et en consacrant un nouvel autel.

En 1347, les reliques d’Henri II et celles de son épouse Cunégonde (980-1033) furent transférées de la cathédrale de Bamberg (Allemagne) vers la cathédrale de Bâle.

Avec la possession de l’abbaye de Saint-Ursanne en 1146 et les expéditions militaires du XIIIème siècle, l’évêché de Bâle devint la plus forte puissance séculaire du Rhin supérieur et du département français du Haut-Rhin.

Son territoire comprenait l’actuel canton du Jura, le Sundgau, le sud de l’Alsace, Birsek, Birstal et des possessions disséminées dans le sud de l’Allemagne.

La ville

Aux XIIIème et XIVème siècles, le pouvoir et le prestige social des citoyens riches et des guildes – association de marchands, artisans, bourgeois – se sont accrus.

L’essor économique de Bâle fut important en raison de sa situation géographique. A cette époque, Bâle fut déjà une ville libre, suite à l’immédiatement impériale (Reichsunmittelbarkeit) accordée par l’empereur du Saint-Empire romain germanique.

En 1356, un tremblement de terre (magnitude 6.6) détruisit une grande partie de la ville de Bâle, dont de nombreux bâtiments, églises et châteaux.

Le Grand-Bâle et le Petit-Bâle

À cette époque, la ville de Bâle était encore divisée en deux parties : le Petit-Bâle (Kleinbasel), sur la rive droite du Rhin, et le Grand-Bâle (Grossbasel) sur la rive gauche du Rhin.

Le Petit-Bâle releva du diocèse de Constance qui dépendit de l’archidiocèse de Mayence, probablement dès l’origine (en tout cas dès 810) et jusqu’à sa suppression en 1821. Le Grand-Bâle dépendit du diocèse de Bâle qui releva de l’archidiocèse de Besançon, de facto jusqu’en 1792, de jure jusqu’en 1801.

Le premier pont sur le Rhin – pont du Milieu (Mittlere Brücke) – fut inauguré à Bâle en 1226. D’abord destiné au trafic local, il devint au XIVème siècle, avec le développement de la route du col du Saint-Gothard, un passage très important pour le commerce international.

Ainsi, la population augmenta rapidement. En 1392, le Grand-Bâle et le Petit-Bâle fusionnèrent pour former la ville de Bâle.

La ville de Bâle

La ville de Bâle avait des liens étroits avec la région d’Alsace, Baden et avec la Confédération suisse qui se constitua progressivement.

Dans les conflits militaires avec les Habsbourg, la ville de Bâle resta neutre. Cependant, elle fut impliquée dans la bataille de Saint-Jacques sur le Birse, le 26 août 1444, qui opposa les troupes françaises aux Confédérés.

Cette bataille eut lieu pendant le concile de Bâle (1431-1449), concile de l’Eglise catholique. En 1460, l’université de Bâle, dotée d’une faculté de médecine, fut fondée avec le soutien du pape Pie II (1405-1464). Elle contribua au développement de la ville.

La ville de Bâle attira de nombreux savants et devint un centre d’édition, d’imprimerie, de l’humanisme et des sciences.

Bâle resta neutre pendant les guerres de Bourgogne (1474-1477) et la guerre de Souabe (1499).

1501-1536

Avec l’adhésion de la ville de Bâle à la Confédération suisse en 1501, les relations entre l’évêque et la ville se tendirent.

La bourgeoisie de la ville détint l’essentiel du pouvoir politique suite au départ de l’évêque et du fait du chapitre – aristocratique – de la cathédrale de Bâle, en raison de la Réforme protestante en 1525-1529.

Le catholique Erasme de Rotterdam (1467-1536) vécut à Bâle pendant la Réforme et fut enterré dans la cathédrale protestante en 1536, à une époque où les débats entre catholiques et protestants étaient vifs. L’aura d’Erasme de Rotterdam a transcendé ce clivage.

1798-1848

Après la République Helvétique (1798-1803), la Confédération suisse (1803-1813) créée par l’Acte de médiation et la chute de Napoléon Bonaparte en 1813, le canton de Bâle signa le Pacte fédéral de 1815 qui unit les vingt-deux cantons souverains de la Confédération suisse.

Le 20 mars 1815, le Congrès de Vienne attribua au canton de Bâle les bailliages de Pfeffingen et du Birsek.

En 1833, le canton de Bâle se scinda en deux demi-cantons, Bâle-Campagne (Basel-Landschaft) et Bâle-Ville (Basel-Stadt).

En 1848, la Constitution fédérale fut adoptée par les vingt-deux cantons : le canton de Bâle ne disposa que d’un siège au Conseil des Etats au lieu de deux sièges.

La Constitution du 18 avril 1999 a supprimé la notion de demi-canton. Bien que ces six entités de la Suisse ne disposent toujours que d’un siège au lieu de deux au Conseil des Etats et qu’elles ne comptent que pour moitié lors des votations fédérales, chaque entité est actuellement considérée comme un canton.

1875

 En 1875, le canton de Bâle-Ville introduisit une nouvelle Constitution, dont les principes sont encore en vigueur : la séparation des pouvoirs, le suffrage universel masculin (l’introduction du suffrage féminin suivra en 1966), l’initiative populaire fédérale (100 000 signatures valables en 18 mois), le référendum obligatoire et le référendum facultatif.

Dans ce canton, les droits des citoyens sont plus larges qu’au niveau fédéral.

Administration

Dans le canton de Bâle-Ville, le Grand Conseil (Grosser Rat) – institution qui remonte au Moyen Age – exerce le pouvoir législatif. Il est composé de 100 membres élus au suffrage universel pour un mandat de quatre ans selon un mode de scrutin proportionnel Proporzsystem). Le Grand Conseil du canton est le parlement cantonal du canton et de la Ville de Bâle.

Les deux autres communes du canton avec une representation dans le Grand Conseil sont Riehen et Bettingen.

Le Conseil d’Etat qui constitue l’exécutif est une administration collégiale composée de sept membres, élus par le peuple selon le système du scrutin majoritaire à deux tours (absolute Merheit, Majorzsystem).

Le drapeau du canton de Bâle-Ville

Le drapeau du canton de Bâle-Ville, blanc à la crosse de Bâle noire, provient des anciennes armoiries du prince-évêque de Bâle qui consistaient en une crosse épiscopale rouge sur fond blanc. Le changement de la couleur rouge au noir de la crosse se serait produit avant la moitié du XIVème siècle.

Le drapeau et les armoiries bâloises sont des emblèmes officiels du canton de Bâle -Ville et de la ville de Bâle.

Le siège de l’évêché de Bâle est aujourd’hui à Soleure. La plus ancienne représentation de la crosse de Bâle remonte à une pièce de monnaie frappée à la fin du XIème siècle.

(Source et informations complémentaires : A. Berchtold, Bâle et l’Europe. Une Histoire culturelle (Deux tombes), Lausanne 1991).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.

Le canton de Bâle-Ville

L’ Hôtel Les Trois Rois

Numa Donzé (1885-1952), Johannes der Taufer (Jean le Baptiste), 1919. La ville compte environ 250 sources d’eau

Laterne, Fasnacht 2023