Val-de Travers, Bovet SA, Château de Vauxtravers/Môtiers. Photo/Foto: www.fleurier.ch

Le rythme suisse de Fleurier

Les routes du Val-de-Travers, commune du canton de Neuchâtel et vallée moyenne du Jura neuchâtelois – déjà voies de transport à l’époque romaine – assurent une liaison transversale entre le Plateau suisse et la Franche-Comté (France), d’où son nom vers 1150 : Vallis traversis.  Le Val-de-Travers est appelé le Vallon.

Le vallée est marquée par son histoire industrielle : depuis le XVIIIème siècle elle a vu s’épanouir l’industrie de la dentelle, les mines d’asphalte, la production d’absinthe (fée verte) et surtout l’horlogerie.

Le cœur du Val-de-Travers bat encore au rythme de l’horlogerie, surtout à Fleurier, village médiéval, où l’ouverture de la première horlogerie date de 1851.

La plus ancienne mention connue du nom de Fleurier figure sur un parchemin en 1284. Le village releva de la châtellenie du Vautravers – juridiction d’un seigneur châtelain – puis fut administré par les comtes de Neuchâtel.

En 1730, David Vaucher (1712-1786) fut considéré comme le premier horloger de Fleurier.

Edouard Bovet (1797-1849), jeune horloger de Fleurier, est engagé en 1818 par une maison d’horlogerie anglaise comme horloger à Canton, en Chine. Après quatre années de travail à Canton, il s’est initié au commerce avec les Chinois.

En 1822, il décida de se mettre à son compte et travailla avec ses frères, Frédéric et Alphonse établis à Londres et Gustave resté à Fleurier. L’affaire des Bovet, florissante, ouvra les portes de l’Empire chinois aux horlogers de Fleurier.

Le marché chinois donna une impulsion à Fleurier qui afficha une grande prospérité. De nombreux horlogers s’y installèrent : en 1750 on compta quinze horlogers à Fleurier.

Presque tous les ouvriers du village œuvrèrent alors pour la montre chinoise, pièce d’un calibre et d’un type spéciaux conçue spécialement pour le gigantesque marché chinois, très demandeur.

En 1900, le secteur de l’horlogerie employait à Fleurier plus de 2 000 personnes et la population passa ainsi de 800 habitants en 1800 à plus de 3 300 habitants vers 1900.

Après les crises des guerres napoléoniennes (1800-1813), pendant l’entre-deux-guerres (1918-1939), durant les deux guerres mondiales (1914-1945), en 1970 lors de l’apparition des montres à quartz japonaises et lors du premier choc pétrolier, le secteur de l’horlogerie suisse, blême, fit preuve d’une grande solidarité et d’innovation.

Le développement de nouveaux produits, la conquête de nouveaux marchés et le génie de certains entrepreneurs, qu’ils fussent architectes, astronomes, géomètres, mathématiciens, physiciens, ont permis à Fleurier – et à l’industrie horlogère suisse – de redresser la situation.

La présence de manufactures renommées et la certification de la Fondation Qualité Fleurier font de Fleurier un centre important de la Haute Horlogerie suisse.

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.