L' Abbaye St. Maurice, 6e. siècle. Foto www.abbaye-stmaurice.ch

L’abbaye de Saint-Maurice

La cité de Saint-Maurice (canton du Valais), serrée dans un étroit défilé entre le Rhône et les montagnes, a une vocation stratégique inscrite dans la nature.

Les Celtes, puis les Romains, l’apprécièrent et y établirent une station militaire, administrative et religieuse.

C’est là que les soldats thébains, venus de Thèbes, et leur chef Maurice subirent le martyre à la fin du IIIème siècle.

Les nombreuses basiliques construites en l’honneur des martyrs firent de Saint-Maurice un important centre spirituel de l’Occident sous les Mérovingiens, Carolingiens, Burgondes, Savoyards et les empereurs du Saint-Empire romain germanique.

Saint Théodule, premier évêque du Valais, bâtit un premier sanctuaire vers 380, agrandi déjà au Vème siècle. Saint Sigismond, roi des Burgondes, fonda le monastère en 515 et inaugura la louange perpétuelle (Laus Perennis), psalmodie continue connue en Occident durant l’Antiquité tardive et le Haut Moyen Âge.

L’abbaye fut endommagée par les Lombards en 574 et agrandie à la fin du VIème siècle. Tout près de la Chapelle des reliques des martyrs, se trouve l’entrée des catacombes. On peut y voir les fondations des églises du VIème, VIIème et VIIIème siècle. Il y a même un couloir d’accès au tombeau de saint Maurice dans l’axe d’un arc romain du Ier siècle. Un cimetière longeant l’église du VIIème siècle laisse apparaître des tombes de l’époque.

La basilique carolingienne, construite à la fin du VIIIème siècle, n’est pas, comme c’est la coutume, tournée vers l’Orient, mais vers l’Occident afin de ne pas déplacer le tombeau de saint Maurice, qui avait déjà 400 ans à l’époque. Dans ce lieu rempli d’histoire, la basilique actuelle compte des colonnes qui proviennent en partie des églises plus anciennes érigées sur le site.

La colonnade ouest est interrompue par une tour romane présentant l’entrée de l’église du XIème siècle.

Dès sa fondation et tout au long de son histoire millénaire, l’abbaye de Saint-Maurice fut largement dotée par des princes, des rois, des empereurs ou des papes. Ceux-ci, ainsi que de nombreux pèlerins, témoignèrent de leur attachement aux martyrs thébains en offrant des objets précieux : statues, reliquaires, châsses et objets liturgiques. Ces dons, d’une valeur inestimable, forment le Trésor de l’Abbaye, reflet de toutes les époques du Vème siècle à nos jours.

En effet, dès le début du Vème siècle, saint Eucher, évêque de Lyon, fit mention de présents en or et en argent offerts « en l’honneur et pour le service des saints ».

Les trois œuvres d’une exceptionnelle qualité sont un rappel du lointain rayonnement des martyrs thébains, aux époques mérovingienne et carolingienne : le vase de sardonyx, dit « vase de saint Martin », le coffret de Teudéric, et l’aiguière « de Charlemagne ».

(Source et plus d’informations : www.abbaye-stmaurice.ch).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.