La Chaux-de-Fonds. Foto/Photo: TES.

La Salle de musique et la culture de La Chaux-de-Fonds

Les villes de Zurich, Lucerne, Genève et Bâle sont connues pour leurs belles salles de concert et/ou de spectacles récemment rénovées. La Salle de musique de la Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel) où sont organisés des concerts et des évènements est toutefois moins connue tant en Suisse qu’à l’étranger.

Image: L’Espace de l´urbanisme horloger

Juste après la Seconde Guerre mondiale, la bourgeoisie de La Chaux-de-Fonds voulut démontrer que la métropole horlogère était aussi une métropole culturelle. Elle décida alors de construire une salle de concert.

 La Salle de musique fut inaugurée en juin 1955 et le résultat dépassa toutes les espérances. Avec ses boiseries en noyer assemblées grâce à des procédés de lutherie, la salle de 1187 places devint rapidement une référence mondiale en raison de son acoustique parfaite.

Des artistes de musique classique de renommée internationale comme Mstislav Rostropovitch ou Arthur Rubinstein s’y sont produits et les plus grandes maisons de disques l’utilisent depuis plus de 60 ans pour y effectuer des enregistrements de prestige.

La Société de Musique de La Chaux-de-Fonds, fondée il y a 130 ans, y donne régulièrement des concerts. Cependant, la Salle de musique n’est pas un lieu d’exception que pour la musique classique, elle a également été adoptée par les sociétés de la cité ouvrière qui l’utilisent depuis sa création pour des événements de portée locale ou régionale.

En effet, il est dans la tradition de la ville non seulement de convier dans cette salle les maestros de la musique mais aussi d’offrir un espace aux organisations des employés de l’industrie horlogère qui ont fait de cette ville, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2009, la capitale de l’horlogerie depuis le XVIIIème siècle.

Le Grand Temple et Maquette de Grand Temple (1794), Dépôt de M. Pierre Steinmann. © Collection du Musée international d’horlogerie, la Chaux-de-Fonds

La Salle de musique de La Chaux-de-Fonds, ville de près de 40 000 habitants, perchée à une altitude de plus de 1000 mètres, aujourd’hui un centre d’activité industrielle, contribue à étoffer une offre culturelle privilégiée.

C’est aussi le cas, par exemple, du Musée international d’horlogerie, impressionnant et intéressant, qui raconte le temps à travers les 4000 pièces exceptionnelles exposées : cadran solaire, horloge atomique, splendides montres et horloges, bijoux d’orfèvrerie et techniques scientifiques.

Le fascinant développement de l’industrie horlogère à partir des XVIIème et XVIIIème siècles en Suisse, à Genève, Neuchâtel, Le Locle, La Chaux-de-Fonds et dans d’autres lieux, est illustré avec justesse dans l’exposition Espace de l’urbanisme horloger, à la Chaux-de-Fonds.

Le Corbusier, la maison blanche

Mais la ville de La Chaux-de-Fonds est aussi le lieu de naissance et la source d’inspiration de l’architecte Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965). Il fut l’élève de Charles L’Eplattenier (1874-1946). L’œuvre de Le Corbusier, est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO sous le titre « L’œuvre architecturale et urbaine de le Corbusier, Allemagne, Argentine, Belgique, France, Japon et Suisse ».

L’architecture de la ville est un joyau de l’Art nouveau et du style Sapin, variante régionale de l’Art nouveau, de l’Art déco et du célèbre quadrillage symétrique. Après l’incendie dévastateur de 1794, la ville a été reconstruite et adaptée à l’industrie horlogère, ses ateliers, sa logistique, ses bureaux avec des logements de qualité pour les travailleurs.

Et avec le théâtre et l’opéra, La Chaux-de-Fonds dispose d’une offre artistique importante pour une ville relativement petite, du fait de l’engagement des horlogers locaux pour leur ville. Dès l’apogée de cette industrie au début au XIXème siècle, des citoyens ont généreusement soutenu des projets intégrant des dimensions culturelle et sociale.

Néanmoins, la ville connut des troubles sociaux et une lutte des classes entre les XIXème et XXème siècles. Cependant, un compromis, spécificité de la Suisse, est intervenu permettant d’y mettre un terme.

En 1848, la révolution contre le prince de Neuchâtel, Frédéric-Guillaume IV, roi de Prusse et dernier prince de Neuchâtel (1795-1861), trouva son origine à La Chaux-de-Fonds et au Locle et connut son épilogue le 1er mars 1848 lorsque la double appartenance, canton suisse et principauté prussienne prit fin. En 1857, le roi de Prusse renonça formellement à toute prétention sur Neuchâtel.

Non seulement La Chaux-de-Fonds, ville la plus haute d’Europe, est intéressante au niveau historique, architectural, culturel et social mais le massif du Jura offre aussi des paysages fantastiques, une faune et une flore particulièrement riches.

(Source et informations complémentaires : www.musiquecdf.ch ; www.j3l.ch).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.