Kasteel van Chambéry. Foto/Photo: TES

La Savoie, Chambéry et la Suisse

Qui ne connaît pas les ducs de Bourgogne ? Les guerres de Bourgogne opposèrent de de 1474 à 1477 l’ Etat bourguignon, déjà en guerre contre le royaume de France, à la Confédération suisse et au duché de Lorraine, alliés de Louis XI (1423-1483).

Le dernier duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, (1433-1477) perdit à Grandson (canton Vaud), en 1476, le bien, sa fortune matérielle, à Morat (canton de Fribourg), en 1476, le courage, à la suite de la destruction de son armée et à Nancy (France), en 1477, sa vie.

La Savoie

Une autre dynastie de cette région, le duché de Savoie, est moins connue mais joua un rôle politique plus important que celui des ducs de Bourgogne et durant une période plus longue. Le nom de la Savoie est dérivé de Sapaudia. Ce terme latin, issu de la culture gallo-romaine du IVème siècle, qui signifie littéralement « pays des sapins », est à l’origine du nom moderne Savoie.

Jusqu’au XVème siècle et au début du XVIème siècle, le territoire du duché s’étendit des actuels départements de Haute-Savoie et de Savoie en France, du Pays de Vaud et du Bas-Valais en Suisse jusqu’au Piémont, à la vallée d’Aoste et à Turin en Italie. Chambéry (France) devint la résidence des ducs, la capitale et le siège du gouvernement jusqu’en 1563.

Au XVIIème siècle, le duché de Savoie étendit son territoire jusqu’au comté de Nice. Dès 1563, Turin fut la résidence des ducs et la nouvelle capitale du duché de Savoie.

La Savoie et les pays voisins

Au XVIème siècle les comtes et les ducs étaient en conflit quasi permanent avec le roi de France, les cantons occidentaux de la Confédération – surtout Berne – la ville de Genève et les sept dizains du Haut-Valais.

Les évêques de Genève et de Sion soutenaient la Savoie. Au XVème siècle, les ducs de Bourgogne furent les alliés « naturels » de la Savoie contre le roi de France, la Confédération suisse et la ville de Genève.

La défaite des Bourguignons en 1476 et 1477 marqua le début de la fin de la présence savoyarde sur le territoire de la Suisse actuelle. Les Confédérés – surtout Berne et Fribourg – conquirent le Pays de Vaud en 1536. Et le Haut-Valais occupa le Bas-Valais.

Cette situation dura jusqu’à l’invasion française et la formation de la République helvétique (1798-1803). En 1803, le canton de Vaud entra dans la Confédération suisse qui redevint une Confédération d’Etats (1803-1813).

Le Bas-Valais fusionna avec le Haut-Valais pour former l’Etat du Valais (1802-1810), qui devint le département du Simplon, département français de Suisse, rattaché à la France par Napoléon 1er (1810-1813). En 1815 le canton du Valais adhéra à la Confédération suisse.

Le patrimoine culturel et politique

De nombreux châteaux, monastères, abbayes et villes de Suisse témoignent de la présence de la Maison de Savoie. Les châteaux de Morges, de Rolle, de Romont, d’Yverdon-les-Bains, de Champvent, de Chillon, par exemple, ont été construits selon le style « carré savoyard ».

Cette dynastie exceptionnelle, qui fut l’une des grandes dynasties d’Europe, dura plus longtemps que les Habsbourg d’Autriche, empire qui fut dissous en 1918.

Les descendants des comtes de Savoie (1029-1416) et des ducs de Savoie (1416-1713) furent rois de Sicile, de Sardaigne, de Savoie et du Piémont, avec le titre de rois de Piémont-Sardaigne (1713-1860) et de rois d’Italie (1860-1946).

Le 23 avril 1861, après la dissolution du royaume de Piémont-Sardaigne suite à la création du Royaume d’Italie en 1860, les Savoyards approuvèrent par un vote leur rattachement à l’Empire français de Napoléon III.

Bien que la Savoie ne puisse pas rivaliser avec la splendeur et la culture des ducs de Bourgogne, son château médiéval, sa belle chapelle gothique, ses monastères et ses églises, sa cathédrale, ses palais urbains et les rues de Chambéry, héritées de l’époque médiévale et les nombreuses œuvres d’art exposées au Musée Savoisien donnent un aperçu de son riche patrimoine culturel.

(Source : Thérèse et Jean-Pierre Leguay, La Savoie, Rennes, 2014).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.