Het Willisauerbergland. Foto/Photo: TES

Le haut-pays de Willisau

Le canton de Lucerne est membre de la Confédération depuis 1332. Initialement une cité-état qui a progressivement acquis de plus en plus de territoires, le canton a atteint sa taille actuelle en 1480.

Le canton se compose de quatre ensembles géographiques : la région de Lucerne et ses environs, l’Entlebuch préalpin, le haut-pays de Willisau (das Willisauer Bergland) et, au nord, les vallées parallèles du Plateau (Wigger et Rot, Suhr, Wyna, Seetal) qui s’échappent vers l’Argovie au nord-ouest.

Willisau, pays de montagnes, tire son nom de la ville homonyme et de sa célèbre spécialité traditionnelle – un biscuit – les anneaux de Willisau. Cependant, elle offre également des attraits d’un genre très différent. Dans le village d’Ettiswil, par exemple, se dresse depuis huit siècles le magnifique château d’eau médiéval de Wyher.

D’ailleurs, les noms en « ingen » et « wil » sont d’origine alémanique. A partir du VIème siècle, des peuples alémaniques pénétrèrent sur le territoire de la Suisse actuelle, remplaçant la langue et la culture gallo-romaines.

Photo: Luzia Mathys

L’histoire d’Ettiswil est également étroitement liée aux monastères de Saint-Urbain (Sankt Urban), d’Einsiedeln (canton de Schwyz), de Saint-Léger (Sankt Leodegar), à Lucerne, à la collégiale Saint-Michel (Sankt Michael), à Beromünster et à plusieurs autres monastères du canton.

Suite à un miracle survenu après le vol d’une hostie en 1447 fut érigée à Ettiswil la chapelle du Saint-Sacrement (Sakramentskapelle), décorée d’un cycle – grande composition narrative – rappelant cette histoire qui donna lieu à un pèlerinage connu hors des frontières cantonales.

Lucerne resta catholique après la Réforme protestante, devint un bastion des jésuites et adopta le style baroque pendant la Contre-Réforme.

A partir de 1574, les jésuites arrivés à Lucerne œuvrèrent pour la pastorale et le soin aux malades. Avec la création d’un collège en 1577, l’enseignement prit une place prépondérante et les jésuites s’engagèrent à mettre à disposition le personnel nécessaire pour l’école et la pastorale. Les jésuites avaient été formés au Collège jésuite de Lucerne et au Collegium Helveticum de Milan, habsbourgeois.

L’ église Saint-Maurice (St. Mauritius) à Ruswil

l’église de l’abbaye Saint-Urban

Aux XVIIIème et XIXème siècles, on dénombra au moins un prêtre pour 600 habitants, sans compter les religieuses et les moines demeurant dans les couvents. Presque tous étaient issus de la bourgeoisie et du patriciat du canton de Lucerne ce qui engendra une étroite imbrication entre les pouvoirs politique et ecclésiastique.

Les habitants de la campagne lucernoise ont toujours fait preuve de résistance. Ainsi, les paysans de la région de Ruswil se révoltèrent contre la ville de Lucerne en 1513 – ce fut la guerre dite de l’oignon (Zwiebelkrieg) – en dévastant les potagers à l’extérieur des murs de la ville.

En 1799, c’est aussi à Ruswil que débuta la guerre de Ruswil, une révolte infructueuse dirigées contre la République helvétique (1798-1803). Dès la première moitié du XIXème siècle, des partis catholiques commencèrent à s’organiser et à former une opposition aux libéraux et radicaux.

La Déclaration de Ruswil de 1840 est un manifeste des forces conservatrices catholiques de Suisse. Elle est considérée comme le plus ancien programme du parti conservateur et la naissance de la démocratie chrétienne en Suisse.

La nouvelle constitution du canton de Lucerne en 1841 fut une sorte de compromis. Elle mit en avant le catholicisme et donc des jésuites, mais introduisit aussi, la même année, la démocratie directe !

Et pourtant en 1847, la Diète fédérale suisse vota à une courte majorité la dissolution de la ligue séparatiste du Sonderbund, l’expulsion des jésuites du pays et le principe d’une nouvelle Constitution fédérale. Ce fut l’aboutissement d’une longue crise politique, mais avec un épilogue heureux : l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution fédérale de 1848 et la naissance de la Suisse moderne.

Cependant, ces développements politiques et religieux n’ont aucunement affecté la beauté de la région. Le caractère rural, la réserve naturelle d’Ostergau, les collines boisées, les lacs, les fermes et la vie suisse du bétail agrémentent toujours le paysage varié sous l’œil vigilant des Alpes.

Source et plus d’ informations: Franz Kiener, Lucerne, Dictionnaire  historique de la Suisse. 

Le Club Alpin Suisse

Le Club Alpin Suisse (CAS) organise régulièrement des randonnées dans cette région et dans d’autres belles contrées du pays.

(Source et informations complémentaires : www.sac-cas.ch).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.

Le Soppisee. Photo: Luzia Mathys

Photo: Luzia Mathys

Le jardin de Rita Lütolf d’Elliswil

Le village de Geiss