Martinskirche Basel, Dies academicus 2023. Foto/Photo: TES

Dies academicus de l’Université de Bâle et I’Intelligence Artificielle

Le Dies academicus de l’Université de Bâle a eu lieu le 24 novembre 2023 dans la plus ancienne église paroissiale de Bâle, l’église Saint-Martin (XIème siècle). Un lieu idéal pour la plus ancienne université du pays.

Martinskirche

Erasme (1469-1536) n’a pas vécu pour voir cela, mais en 1538, la Fondation Erasmus (Erasmusstiftung) a été créée dans le but d’octroyer des bourses aux étudiants (internationaux), plus de quatre siècles avant le programme Erasmus de l’Union européenne! Son capital est constitué par la succession d’Erasmus. À l’époque déjà, la Suisse était un pays innovant.

Le premier administrateur du fonds fut son ami Bonifacius Amerbach (1495-1562). L’université, l’administration de la ville et les citoyens de Bâle ont également créé des fonds pour l’octroi de bourses après 1532.

Sur les 5 600 étudiants inscrits entre 1532 et 1600, la plupart venaient de la Confédération suisse, d’Allemagne et des territoires autrichiens, 500 de France, 250 des Pays-Bas, 150 du Royaume de Pologne et de Lituanie, 100 d’Angleterre, 70 d’Italie et 60 de Scandinavie.

A droite, l´ancienne université le long du Rhin (Rheinsprung), à gauche l´ancien gardin botanique. 

1460-1532

1532 est une année importante pour l’université ; en fait, il s’agit d’un nouveau départ. L’université a été fondée à l’initiative du conseil municipal en 1460, après l’autorisation écrite du pape Pie II (1405-1464) dans une bulle du 12 novembre 1459.

Le 4 avril 1460, avec une messe et le Te Deum laudamus dans la Münster (la cathédrale), l’université ouvre ses portes avec les quatre facultés de théologie, de droit, de médecine et les Artes liberales.

Le concile de Bâle (1431-1438/1449) et les bons contacts avec le pape Pie II (qui avait assisté au concile sous son nom Enea Silvio Piccolomini, en tant que secrétaire d’un cardinal), les imprimeries et les maisons d’édition, la situation centrale et l’esprit humaniste ont créé les conditions nécessaires à l’implantation de l’université dans cette ville de 10000 habitants.

Centre-ville de Bâle, c. 1450. Maquette: Historisches Museum Basel

Le Conseil avait sa propre université, la Konzilsuniversität (1432-1440). D’importants scientifiques des universités les plus prestigieuses y ont étudié et enseigné. Après le Concile, la Konzilsuniversität était maintenue sous le nom de Kurienuniversität (1440-1448). Les fondements d’une université permanente étaient posés.

L’Église et la science, la recherche et les universités étaient encore étroitement liées à l’époque. ). L’université de Bâle était également placée sous la supervision directe de l’évêque, qui était également chancelier de l’université.

En outre, cette période a été marquée par la création de nombreuses universités dans l’espace germanophone, notamment à Greifswald (1456), Fribourg (1457), Ingolstadt (1472), Trèves (1473), Mayence (1477), Tübingen (1477), Wittenberg (1502) et Francfort-sur-l’Oder (1506).

L’université de Bâle s’est développée de manière prospère en tant que petite université du Rhin supérieur, avec des chaires et des professeurs prestigieux. Cependant, l’adhésion à la Confédération (1501) a entraîné la perte des étudiants des pays des Habsbourg (qui ont principalement choisi Fribourg-en-Brisgau).

La deuxième rupture est intervenue avec la Réforme. Après des années turbulentes et la polarisation des partisans et des opposants, la ville et l’université ont opté pour la Réforme de 1529.

De nombreux professeurs et étudiants, ainsi que le chapitre de la cathédrale et l’évêque quittaient la ville et l’université a été fermée. La plupart des étudiants et des professeurs se rendaient dans la ville catholique de Fribourg (tout comme Érasme jusqu’à son retour à Bâle en 1535).

L’université protestante a été redémarrée  avec de nouveaux statuts et de nouveaux financements en 1532. L’introduction de bourses pour les étudiants, maintenant que l’Église n’ était plus un bailleur de fonds, était une nouveauté majeure. La Fondation Erasmus, le soutien de la ville et les initiatives citoyennes remplissaient cette fonction.

Johann Jakob Neustück (1799/1800–1867), 1843, vue du Rheinsprung et de l’ Augustinergasse,  à droite l´Augustinerkloster. Photo: Wikipedia

Le « Collegium alumnorum » soutenait également les étudiants sur le plan financier. Le « Oberes Kollegium » se trouvait dans l’ancien monastère augustinien (à l’emplacement de l’actuel musée d’histoire naturelle) et le « Unteres Kollegium » dans l’ancien bâtiment universitaire « Schalerhof », sur le Rheinsprung.

Johann Jakob Neustück (1799/1800-1867), 1844, L´Augustinerklosterhof et le « Oberes Kollegium » 1844. Photo: Wikipedia

La séparation de l’université et de l’église a également permis d’accorder beaucoup plus d’attention à la médecine, au droit civil, publique et international et aux arts libéraux. Grâce notamment à la présence d’éditeurs et d’imprimeurs, à un environnement libéral et humaniste et à sa situation centrale, l’université attira un nombre croissant d’étudiants et de professeurs étrangers.

Le jardin botanique a vu le jour en 1588 sur le Rheinsprung. En 1692, le jardin botanique a déménagé à Petersgraben dans l’ancien couvent dominicain et en 1898 à son emplacement actuel au Spalentor sur Petersplatz, près du nouveau bâtiment principal (Kollegienhaus) de 1939.

 

Le Kollegienhaus, le Petersplatz et le Spalenberg

De universiteit kocht in 1661 het Amerbachkabinett en creëerde daarmee de

L’université a acquiré l’Amerbachkabinett en 1661, créant ainsi les conditions du premier musée public européen dans la Haus zur Mücke en 1671. La bibliothèque de l’université y était déjà installée. À l’époque, les collections étaient rassemblées par des citoyens fortunés et des professeurs d’université. Bonfacius (1495/1566) et son fils Basilius (1533-1591) Amerbach étaient les plus grands collectionneurs d’art ancien, d’art contemporain et des objets de la nature et des autres cultures).

Haus zur Mücke

Plusieurs musées sont nés de cette initiative aux XIXème et XX ème siècles, notamment le Museum der Kulturen, le Kunstmuseum Basel, l’Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig, l’Historisches Museum Basel, le Pharmaziemuseum et l’anatomisches Museum.

Depuis lors, l’université a connu plusieurs creux, en termes de nombre d’étudiants, de situation politique (1798-1813, la domination française) et de séparation des cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne en 1833. Aujourd’hui, les deux cantons ont trouvé un modus vivendi (financier) et coopèrent. Les crises économiques et les guerres (mondiales) ont également eu des répercussions.

Après 1945

Les sept facultés de psychologie, d’économie, de sciences naturelles, de sciences humaines, de sciences médicines, de droit et de théologie comptent aujourd’hui environ 13 000 étudiants.

Lors du Dies academicus de la plus ancienne université de Suisse, la rectrice (Rektorin) mit l’accent sur le dernier défi mondial en matière de science sous le titre « Intelligenzen : Künstliche Intelligenz (KI) »,  I’Intelligence Artificielle (IA).

Rectrice Prof. Dr. Dr. h.c. mult. Andrea Schenker-Wicki lors de son discour ‘Intelligenzen’.

L’université s’est engagée dans ce qu’on appelle l’initiative KI (KI-Initiative) dans le but d’utiliser et de développer l’IA pour la société d’une manière responsable responsible intelligent society (société intelligente responsable) et d’impliquer tous les citoyens dans ce processus no one left behind (personne n’est laissé pour compte).

Érasme a relevé les défis de son époque de manière nuancée, humaniste et tolérante. Il serait fier de la ville de Bâle qu’il chérissait tant et de son (dans un certain sens) Alma Mater.

(Source: Université de Bâle; G. Kreis, 550 Years of the University of Basel, Christoph Merian Verlag, Basel 2010).

Post scriptum

L’ETH Zurich et l’EPFL ont lancé le 4 décembre l’initiative « Swiss AI » dans le but de positionner la Suisse comme leader mondial dans le développement et l’utilisation d’une intelligence artificielle transparante. Le nouveau supercalculateur « Alps » du CSCS offre à cet effet l’infrastructure.

Impressions du Dies academicus