Lavanchy-Clarke am cinématographe. © Fondation Herzog,

Adieu Belle Epoque

Charlie Chaplin, acteur, réalisateur, compositeur, scénariste et producteur, né à Londres en 1889 et décédé en 1977, est célèbre dans le monde entier. Resté citoyen britannique toute sa vie, il avait décidé de s’établir dans le Manoir de Ban, à Corsier-sur-Vevey (canton de Vaud), près du lac Léman, durant la dernière partie de son existence.

Charlie Chaplin débuta sa carrière en 1918 en Amérique et produisit ses propres films, alors muets (sans paroles). Il créa lui-même la musique de ses films, Ce fut un immense succès. Parmi ses premiers longs-métrages figurent Charlot soldat (1918), Le Kid (1921), L’Opinion publique (1923), La Ruée vers l’or (1925) et Le Cirque (1928).

Il refusa de passer au cinéma parlant et continua de produire des films muets dans les années 1930, comme Les Lumières de la ville (1931) et Les Temps modernes (1936). Dans sa carrière, Charlie Chaplin a reçu trois oscars : deux oscars d’honneur en 1929 puis en 1972 et l’oscar de la meilleure musique pour Les Feux de la rampe en 1973.

C’est notamment grâce à ses films que le cinéma devint en peu de temps un média populaire. Le célèbre manoir de Corsier-sur-Vevey – Charlie Chaplin y vécut de 1952 à jusqu’à sa mort – est inscrit à l’inventaire suisse des biens culturels d’importance nationale. Un musée, Chaplin’s World, qui retrace sa vie, y a ouvert ses portes en 2016.

En effet, peu de gens connaissent le Suisse François-Henri Lavanchy-Clarke (1848-1922). Cet ingénieux pionnier des médias fut non seulement le premier photographe couleur suisse, mais aussi un habile publicitaire, un audacieux industriel du savon et un réformateur de la cause des aveugles dans le monde.

Lorsque Charlie Chaplin commença sa carrière, cet innovateur du cinéma avait déjà fondé en Suisse la première organisation de marketing multimédia pour le cinéma en Europe.

Pourtant, il tomba presque dans l’oubli, et avec lui son œuvre filmique longtemps portée disparue qu’il projeta au moyen de l’innovation des frères Lumière, le Cinématographe, dans la Suisse de la Belle Epoque, innovation qui, à cette époque charnière, depuis Lyon (France) conquit le monde entier en l’espace d’une année.

L’exposition  du musée Tinguely à Bâle remet à l’honneur les films et les photographies de François-Henri Lavanchy-Clarke et nous présente également l’activité de constructeur d’automates de ce Vaudois citoyen du monde.

François-Henri Lavanchy-Clarke filma des images de la Suisse qu’il projeta dans ce qui fut peut-être le premier cinéma du monde : son époustouflant pavillon à l’Exposition nationale suisse de Genève en 1896.

Il pourrait même s’agir du premier film sur grand écran qui attira un large public helvétique. Le modernisme pointa à l’horizon : découvertes, inventions et courants artistiques majeurs apportèrent un nouvel éclairage sur la réalité quotidienne en Suisse deux générations après la naissance de l’Etat fédéral en 1848 et sur l’histoire des médias, tout en dénonçant le « vernis doré » de la Belle Epoque.

Il parcourut la Suisse pour faire connaître et vendre ses films qui évoquaient la Suisse en transition entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle. En 1906, il réalisa les premières photographies en couleur.

A l’occasion du centenaire de la mort de François-Henri Lavanchy-Clarke, le musée Tinguely à Bâle rend, jusqu’au 29 janvier 2023, un hommage à ce novateur, presque méconnu, du cinéma en montrant cinquante films qu’il a tournés à partir de 1896, découverts dans des archives parisiennes et qui peuvent, grâce à la technologie moderne, être visionnés pour la première fois depuis plus d’un siècle.

Sa participation à l’Exposition nationale suisse à Genève figure également au cœur de cette exposition.  La portée de ces documents, qui datent d’il y a cinq générations, se fait encore ressentir aujourd’hui.

Ces films constituent également l’œuvre fondamentale d’un homme qui fut le seul d’entre les pionniers du début du cinéma international, à maîtriser toutes les facettes de ce nouveau média de la société qu’était la cinématographie : la chronophotographie, la photographie couleur, la production de films, la stratégie de distribution, l’industrie chimique, la banque, le marketing, le divertissement ainsi que l’industrie du spectacle.

Source et plus d’informations: Museum Tinguely

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.