Press Conference, Kunstmuseum Basel, 8.6.2022, from l.t.r.: Josef Helfenstein (Director Kunstmuseum Basel), Paloma Picasso, Carmen Giménez (Curator). Photo/Foto: TES.

L’exposition du musée d’Art de Bâle (Kunstmuseum), à voir jusqu’au 25 septembre 2022, met en lumière l’intérêt de Pablo Picasso (1881–1973) pour le maître crétois Doménikos Theotokópoulos, mieux connu sous le nom d’El Greco (1541–1614).

Quelque 40 mises en regard de chefs-d’œuvre des deux artistes retracent ce dialogue. De prestigieux prêts émanant du monde entier sont réunis autour d’un noyau d’œuvres de Pablo Picasso provenant de la collection du musée.

On sait ainsi que l’enthousiasme de Picasso pour Le Greco laissa des traces manifestes dans ses travaux. Toutefois, à cet égard, on songe surtout à ses premières phases de création jusqu’à la période bleue.

L’exposition Picasso – El Greco propose à contrario une version relatant que Pablo Picasso s’est voué non seulement davantage mais aussi plus longtemps au Greco qu’on ne l’avait imaginé jusqu’ici, comme en témoignent des références indéniables à la fois dans ses tableaux cubistes et dans ceux de l’ensemble des périodes de création plus tardives.

L’exposition met en scène un « dialogue » dans une forme circonscrite, parfois associative, s’étendant sur plusieurs siècles.

Le Greco connut une gloire immense de son vivant grâce à sa facture picturale à nulle autre pareille. Pourtant, peu après sa mort, il tomba dans l’oubli. Ce n’est qu’au XIXème siècle et au tournant du XXème siècle qu’advint une renaissance de l’œuvre du Greco. Le jeune Pablo Picasso prit part à cette redécouverte en première ligne.

Le Greco se situait en marge, notamment parce que, en raison de son parcours, trois traditions différentes – gréco-byzantine, vénitienne et espagnole – ont inspiré son œuvre et à partir desquelles il élabora un langage pictural incomparable.

 La fascination de Pablo Picasso pour les maîtres anciens espagnols se traduisit dès le début de sa carrière artistique par des emprunts au Greco. Ainsi, dans de nombreuses esquisses des années 1898-1899, il s’usa véritablement aux motifs du Greco. Durant les années suivantes, cette influence demeura perceptible.

L’exposition porte également une attention particulière au cubisme : deux salles mettent en regard des œuvres de Picasso réalisées autour de 1910 avec une sélection de célèbres tableaux d’apôtres du Greco.

Après la Seconde Guerre mondiale, Picasso se consacra largement à l’étude des peintres anciens. L’exposition présente de séduisants exemples de l’intérêt de Picasso pour ses prédécesseurs, dont le tableau Mousquetaire (1967) au verso duquel Picasso a noté Domenico Theotocopulos van Rijn da Silva, une référence explicite aux maîtres qu’il vénérait : Le Greco, Rembrandt et Velázquez.

L’exposition réunit plus de cinquante prêts prestigieux consentis par des musées et des collections privées du monde entier aux côtés d’une douzaine d’œuvres majeures de Picasso provenant de la collection du musée d’Art de Bâle.