La quatrième minorité et le Ticinocentrismo

La Suisse est un pays quadrilingue (allemand, français, italien et romanche). Il y a cependant une autre minorité, la quatrième minorité.

Il s’agit des italophones du canton des Grisons, officiellement trilingue (romanche, allemand et italien) et qui compte au total 200’000 habitants. Les germanophones, au nombre de presque 128’000, y sont majoritaires. Et environ 60’000 personnes parlent aujourd’hui le romanche dans une région située au centre, au sud et au sud-est du canton des Grisons.

La minorité italienne de 25’000 personnes vit dans quatre vallées : Val Poschiavo/Puschlav, Val Bregaglia/Bergell, Val Mesolcina/Misox et Val Calanca.

Les italophones de ces vallées se considèrent comme une minorité italienne de la minorité italienne du Tessin.

La langue allemande prédomine dans l’administration cantonale et le romanche n’a plus sa place dans les régions germanophones.

L’association Pro Grigioni Italiano (Pgi), fondée en 1918, qui a pour but le maintien, la promotion de la langue italienne, la culture dans les Grisons et dans la Confédération et la défense de la minorité dans la minorité, affirme que les italophones sont défavorisés au niveau fédéral, même s’ils parlent d’autres langues.

De plus, le développement d’une conscience identitaire commune, d’une solidarité entre les italophones du Tessin (un peu plus de 352 000 habitants) et ceux des Grison fut long et difficile : le Ticinocentrismo. Ce n’est qu’à partir du XXème siècle qu’ils instaurèrent lentement des formes de collaboration plus étroites. Résider au Tessin offre de meilleurs atouts au niveau fédéral que vivre dans l’une des quatre vallées italophones des Grisons.

La solidarité entre les francophones et les italophones – la solidarité latine – est également restreinte. Ainsi, dans les Grisons, pour tracer son chemin, l’allemand reste indispensable.

Le débat était d’actualité suite à l’aboutissement de l’initiative cantonale « Une seule langue étrangère à l’école primaire », en plus de l’allemand, du romanche ou de l’italien, selon la langue parlée dans la commune où l’élève est scolarisé.

Par la suite, un recours a été interjeté à l’encontre de cette initiative auprès du Tribunal fédéral (Bundesgericht) qui a finalement jugé que le texte pouvait se prêter à une interprétation conforme à la Constitution fédérale.

Ainsi, appelés aux urnes pour se déterminer à ce sujet, les citoyens grisons ont rejeté l’initiative par 65,19 % des voix : les élèves de primaire continueront donc d’apprendre deux langues étrangères.

La plupart des écoles germanophones optent pour l’anglais, alors que la plupart des écoles italophones préfèrent l’allemand à l’anglais.

La question linguistique est d’ordre culturel et un petit pays comme la Suisse montre les limites de l’intégration européenne dans cette perspective également.

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.

Le modèle biennois

La coexistence de quatre langues nationales est une caractéristique fondamentale de la Suisse. Contrairement à ses voisins, elle tire son identité non pas d’une, mais de plusieurs langues : il s’agit en grande partie d’un plurilinguisme territorial. L’interpénétration linguistique n’est vécue quotidiennement qu’aux frontières linguistiques.

Bienne/Biel se distingue par son bilinguisme consensuel. Le français et l’allemand sont sur un pied d’égalité, aucune des deux langues n’a la prépondérance, les deux groupes linguistiques acceptent et respectent la langue de l’autre.

Il ressort d’une étude menée sur le bilinguisme à Bienne et à Fribourg qu’à Bienne la coexistence des langues est vécue de façon exemplaire. Et Bienne n’est pas seulement « une petite Suisse ». En effet, de par sa manière d’aborder le plurilinguisme, cette ville pourrait également créer une émulation en Suisse.

Le principe du « modèle biennois » dont on parle depuis 1980 est le suivant : la langue de communication est déterminée par la personne qui engage la conversation.

Que la langue choisie soit le français ou l’allemand, l’interlocuteur s’adapte, même s’il ne connaît pas parfaitement l’autre langue.

Réalisée par le Centre Dürrenmatt Neuchâtel, en collaboration avec le Forum Helveticum et avec le soutien du Centre de dialectologie et d’étude du français régional de l’Université de Neuchâtel, du Forum du bilinguisme, de l’Osservatorio linguistico della Svizzera italiana et du Schweizerischer Verein für die deutsche Sprache, l’exposition itinérante «Helvétismes – Spécialités linguistiques» a été présentée avec succès à Neuchâtel.

De fin 2019 à fin 2022, le Forum Helveticum et le Forum du bilinguisme s’associent pour porter l’exposition sur l’ensemble du territoire suisse en collaboration avec diverses institutions d’accueil.

(Source : www.lebendige-traditionen.ch)

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.

Le jardin anglais d’Arlesheim

L’ Ermitage a été conçu en 1785 par Balbina von Andlau-von Staal (1736-1798). C’est le plus grand jardin à l’anglaise de Suisse et il a été conçu comme solitude romantique près d’Arlesheim. Les ruines du château de Birseck, la porte en pierre, l’ancien et le nouveau moulin, le pressoir à tabac et les trois étangs sont encore aujourd’hui des éléments importants du jardin.

En 1793, les troupes françaises occuprèrent la principauté et Arlesheim et détruisirent le château. Les ruines donnent aujourd’hui une atmosphère réelle du jardin anglais.

(Plus d’informations : www.ermitage-arlesheim.ch).