Le boulevard de Montreux Riviera, son artistes, sa nature et Smoke on the Water

Plus de deux siècles avant le tristement célèbre incendie du Casino de Montreux du 4 décembre 1971, qui détruisit totalement le mythique établissement, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) écrivit, en 1761, Julie ou La Nouvelle Héloïse. Lord Byron (1788-1824) publia Le Prisonnier de Chillon en 1816.

Ces deux œuvres favorisèrent considérablement la renommée de la belle ville de Montreux et du Château de Chillon (canton de Vaud), situé à Veytaux près de Montreux, auprès du beau monde européen.

En 1730-1731, Jean-Jacques Rousseau entreprit un long périple à pied à travers la Suisse qui le mena, entre autres, à Nyon, Fribourg, Lausanne, Vevey, Neuchâtel et Soleure. Il a décrit avec ravissement la nature en Suisse, notamment celle des régions des lacs Léman et de Bienne où il vécut.

La région de Montreux – avec le Château de Chillon, la villa ‘le Lac’ du Corbusier, Vevey et l’Alimentarium, Chaplin’s World ou Lavaux – devint après l’une des destinations touristiques les plus prisées de Suisse.

Dès 1840 apparurent les premiers grands hôtels, le casino, des restaurants et, plus tard, un terrain de golf, des courts de tennis et diverses autres installations pour les touristes.

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, Montreux fut privilégiée par l’aristocratie, les artistes, les politiciens et autres personnalités (entre autres Freddie Mercury (1946-1991), Gustave Coubert (1819-1877), Fjodor Michajlovitsj Dostojevski (1821-1881), Sisi (1837-1898), Ignacy Paderewski (1860-1941), Henryk Sienkiewics (1846-1916), Charlie Chaplin (1889-1977), Carl Gustaf Emil von Mannerheim (1867-1951) et Gustave Eiffel (1832-1923).

Après 1945, Montreux accueillit de nombreux artistes.La chanson mondialement connue « Smoke on the Water » de Deep Purple , qui relate l’incendie du casino, a été composée sur les rives du lac Léman, à Montreux.

(Source : www.montreuxriviera.com)

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice

Le casino

Queen The Studio Experience in het Casino

David Richards (1956-2013), l’ingénieur du son aux Mountain Studios en Montreux

Impressions

Erasmus sonne encore à Bâle

Du 9 au 15 septembre 2024, Bâle accueillera pour la deuxième fois le festival interdisciplinaire Erasmus sonne !Festival Lab (Erasmus klingt-Festival Lab).

Érasme de Rotterdam (1466-1536), qui a vécu et travaillé à Bâle pendant de nombreuses années, est au centre de ce festival qui, en vue du 500ème anniversaire de la mort d’Érasme en 2036 en Bâle, se déroulera désormais sous forme de biennale.

Le festival est organisé en collaboration avec diverses institutions éducatives et culturelles bâloises, dont l’Université de Bâle, la Schola Cantorum Basiliensis et l’Université populaire des deux Bâle, ainsi que divers musées.

Pour la deuxième édition du festival, l’œuvre d’Érasme La complainte de la paix (Querela Pacis, 1517) servira de source d’inspiration. Les concerts et autres manifestations seront consacrés au thème de la paix : un thème qui englobe aussi bien le monde séculier que la culture religieuse.

Comme aujourd’hui, l’époque d’Érasme, au début des temps modernes, était marquée par la violence : de nombreux érudits élevaient la voix contre les innombrables guerres qui embrasaient l’Europe.

Dans le livre La plainte de la paix , l’humaniste Érasme a lutté avec toute sa force de persuasion pour déplorer et dénoncer l’absurdité de la guerre et les avantages de la paix. Son objectif était de mettre en évidence l’importance de la solidarité et de la dignité humaine en mettant en avant la culture comme un puissant instrument de vie en communauté.

Les événements du festival s’inspirent de certains des thèmes principaux d’Erasmus, réinterprétés dans une perspective historique : Dans certains concerts, il s’agit d’histoires de l’Ancien Testament, celles de la manipulation, de la guerre et de la paix ou de la conclusion de traités de paix (paix d’Utrecht, de Rastatt et de Baden (1713/14), paix de Westphalie en 1648) ainsi que de la mise en mémoire d’événements concrets de guerre.

Dans d’autres concerts, le thème du conflit est mis en lumière dans une dimension humaine : les conséquences douloureuses de la guerre, la lutte des émotions humaines et le conflit entre sentiment et rationalité.

Entre les œuvres musicales des concerts principaux, il y aura des lectures de la « Complainte de la paix » d’Érasme. Pendant la journée, diverses manifestations parallèles auront lieu à la Wildt’sche Haus dans les disciplines de la philosophie, de l’histoire, de la musicologie et de la recherche sur la paix.

(Source, billets et autres informations : erasmus-klingt.kulturticket.ch)

Baden, Baden-Baden, Badenweiler et leurs Bains

Il n’y a pas beaucoup de lieux qui portent un double nom et encore moins s’il s’agit d’une répétition. Ainsi, le nom de la ville allemande de Bade-Bade (Baden-Baden, Bade-Wurtemberg) est fonctionnel : il permet de la distinguer Baden en Suisse (canton d’Argovie) et Baden en Autriche (près de Vienne). Il y a aussi Badenweiler, dans le sud du Bade-Wurtemberg.

La Kurhaus et le Casino de Baden-Baden

Baden-Baden, die Trinkhalle au XIXème siècle

Badenweiler, Grand Hotel Römerbad (1825), fermé depuis 2016

L’Argovie a été gouvernée par les Habsbourg jusqu’en 1415 et de 1415 à 1798 (à l’exception de la Fricktal) en tant que territoire sujet (Untertanengebiet) par la Confédération (Eidgenossenschaft). Depuis 1803 (y compris le Fricktal), l’Argovie est un canton de la Confédération.

Le nom de ces lieux est également fonctionnel : ce sont des stations balnéaires et thermales réputées depuis l’époque romaine (environ les quatre premiers siècles de l’ère chrétienne). Elles sont encore aujourd’hui à la hauteur de cette renommée.

Badenweiler, les bains romains

Quoi qu’il en soit, les Romains sont à l’origine des premiers complexes en pierre (thermae) pour les bains. Ces thermes étaient des bâtiments magnifiquement décorés et aménagés avec des bains, des systèmes ingénieux d’eau chaude et froide, de chauffage, des vestiaires, des salles de convivialité, des jardins et d’autres services.

Ils étaient principalement financés par les euergetes (bienfaiteurs) locaux et en partie par le gouvernement local ou même impérial.

Une littérature abondante fournit de plus amples détails sur le monde fascinant de la culture balnéaire romaine. Les effets bénéfiques des sources minérales étaient déjà connus ou du moins supposés.

Augst (Augusta Raurica, canton de Bâle-Campagne), les bains pour les femmes. Image: Römische Badenruine Badenweiler

Cet article se concentre sur les relations entre les lieux mentionnés ci-dessus, qui ont entretenu des contacts intensifs au plus haut niveau politique et ecclésiastique jusqu’au 19e siècle.

Citoyens, commerçants, scientifiques, artistes, entrepreneurs (textiles), mercenaires (suisses) et autres professionnels traversaient régulièrement la frontière.

Cependant, ce n’est pas la barrière physique du Rhin qui constituait la frontière. Pendant des siècles, le Rhin a été avant tout un fleuve de commerce, de communication et une voie de circulation.

De plus, la langue n’était pas non plus une barrière. Après le départ des Romains, l’alémanique est devenu la langue parlée, puis l’allemand.

Les routes romaines et le Rhin. Image: Römische Badenruine Badenweiler

L’époque romaine

À l’époque romaine, cette région faisait partie de la Germanie supérieure. À l’apogée de la puissance romaine (vers 100 après J.-C.), le Limes Germanicus constituait la frontière. Il s’étendait de Coblence au Danube, sur une longueur de 550 kilomètres. La romanisation de la population locale (les Souabes, qui avaient chassé les Celtes vers 100 avant J.-C., à Bade et les Celtes en Argovie) s’est achevée en quelques générations.

Les bains dans les cantons de Bâle-Campagne, l’Argovie, Vaud et le pays de Baden. Image: Römische Badenruine Badenweiler

Les thermes de Baden-Baden (Aquae) et de Badenweiler (vraisemblablement Aquae Villae) sont tombés en désuétude à partir du IVème siècle , après le départ des Romains.

Ce n’est qu’au Vème siècle que Baden (Aquae Helveticae) connaît le même sort. Le réseau routier romain s’est également dégradé, mais il définit encore aujourd’hui les contours du pays de Bade et de l’Argovie.

Reconstruction des bains. Image: Römische Badenruine Badenweiler

Le Pays de Bade

L’histoire politique du pays de Bade n’est abordée que dans ses grandes lignes. Les nombreuses intrigues, rébellions et guerres (dont la guerre des paysans (1525), la guerre de Trente Ans (1618-1648), la guerre de succession du Palatinat (1688-1697), la guerre de succession d’Espagne (1702-1713)) dans et avec le Saint Empire romain germanique, les rois (français), les comtes, les ducs (bavarois), les comtes du Palatinat et les princes locaux, la Réforme et d’autres conflits ne sont pas pris en compte.

Après le départ (lent) des Romains aux troisième et quatrième siècles, la région fut successivement gouvernée par des rois et empereurs alémaniques (et leurs ducs), des rois et empereurs francs (carolingiens) et des rois et empereurs germaniques du Saint Empire romain.

De puissantes abbayes (dont Reichenau, St Gall, St Blasien, Säckingen) et des diocèses (Constance, Spire, Strasbourg, Mayence et Bâle) ainsi que des princes locaux ont joué un rôle dominant à partir du Xème siècle.

Le duché de Souabe. Image: Marco Zanoli, Wikipedia

Vers l’an 1000, on parle même d’un puissant duché de Souabe (Schwaben, également appelé duché d’Alemannien jusqu’au XIème siècle). Il s’agissait d’un vaste territoire qui s’étendait jusqu’aux Grisons.

Par la suite, ce duché a décliné et de nouvelles dynasties se sont formées. Pour le Bade (et certaines parties de la Suisse), les Zähringen et les Habsbourg étaient particulièrement importants.

Brisgau et la cathédrale (Münster) St. Peter (Saint-Pierre)

À partir de 1060, le pays de Bade a été gouverné en grande partie (de manière fragmentée) par des margraves. Ils étaient issus des ducs de Zähringen (1061-1218), qui régnaient sur de vastes territoires en Bade et en Suisse et fondèrent des villes, notamment Berne, Fribourg et Rheinfelden et Fribourg-en-Brisgau, Neuenburg am Rhein et Brisgau (pour en faire une forteresse) en Bade.

En 1515, le margraviat de Baden-Baden et le margraviat de Baden-Durlach ont été formés pour être à nouveau réunis en 1771 dans le margraviat de Baden. Cependant, Baden-Baden était resté catholique lors de la Réforme, tandis que Baden-Durlach était devenu protestant.

Baden-Baden et Badenwelier ont été pillées et détruites à plusieurs reprises au cours de cette période. Pendant tout ce temps, Bade, dans ses diverses constellations politiques, faisait partie du Saint Empire romain et de ses empereurs Habsbourg.

La Révolution française (1789), diverses guerres et le rôle politique du Premier Consul Napoléon (1769-1821) ont conduit successivement au Kurfürstentum Bade (1803-1806) et, après la dissolution du Saint Empire romain germanique, au Grand-Duché de Bade (1806-1918) dans le Rheinbund (1806-1813).

Karlsruhe, Grossherzog Karl Friedrich (1728-1811) de Bade et son palais 

Après la chute de Napoléon en 1815, le Deutsche Bund (1815-1866) voit le jour avec une Prusse de plus en plus dominante. En 1849, une révolution à Rastatt conduit à une république de courte durée.

En partie grâce aux corrections du Rhin (par Johann Gotfried Tulla (1770-1828), à l’union douanière allemande, à l’industrialisation (multiforme) (tabac, verre, textile, mines, machines, chemins de fer (la Badische Bahnhof à Bâle et le coucou, par exemple) et à l’essor du tourisme au Grand-Duché, les stations balnéaires et thermales connaissent alors leur plus grande période d’apogée jusqu’en 1914.

Les entrepreneurs (textiles), les touristes, les scientifiques, les écrivains et les artistes suisses ont toujours été très présents. L’influence de Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827) s’est étendue jusqu’à Bade et Johann Peter Hebel (1770-1826) n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Bâle, le monument de Strasbourg (das Strassburger Denkmal, 1895) 

En 1870/71, l’Empire allemand (1871-1918) émerge après la guerre franco-allemande. Les troupes badoises ont assiégé Strasbourg pendant cette guerre. Un monument à Bâle le rappelle. Le Grand-Duché de Bade perdit une partie de sa souveraineté et sombra avec le Second Empire allemand en 1918.

Le dernier Zähringer Friedrich II (1857-1928) a abdiqué son trône en 1918 en tant que grand-duc de Bade, une dynastie de Zähringen de près de 1 000 ans ! Même les Habsbourg ne peuvent rivaliser. Le pays de Bade est alors devenu une république dans le cadre de la République de Weimar.

De 1933 à 1945, le pays de Bade a été dirigé par un Gauleiter. Après la capitulation de l’Allemagne, le pays de Bade est divisé en une zone française (dont la capitale, Baden-Baden, est presque intacte) et une zone américaine. En 1947, le Bade-Wurtemberg est créé.

L’histoire mouvementée du voisin immédiat de la Suisse a influencé les contacts mutuels et directs, surtout à partir du XIXème  siècle. La culture balnéaire (modernisée et contemporaine) de Baden-Baden, Baden et Badenweiler n’en a pas pour autant souffert.

Plusieurs initiatives régionales, comme la Regio Basiliensis, montrent que la coopération et les projets transfrontaliers font toujours partie de l’ADN alémanique. Aujourd’hui, les villes communes de Rheinfelden, Laufenburg et leurs ponts symbolisent à nouveau la fonction de liaison du Rhin.

(Source: R. G. Haebler, Badische Geschichte, Baden-Baden, 1987)

Révision: Andrea Zollinger, rédactrice