L'intérieur de l’église Saint-Nicolas d’ Hérémence, 31.10.2021. Foto/Photo: TES.

L’église Saint-Nicolas d’Hérémence

Le 31 octobre 1971 a été à un jour particulier à Hérémence, village situé à l’intersection du val d’Hérens et du val d’Hérémence (canton de Valais), sur la rive gauche du Rhône, près de la ville de Sion : la consécration de la nouvelle église Saint-Nicolas.

L’église d’origine datant de 1770 avait été fortement altérée par le tremblement de terre de 1946 et, devenue trop exiguë, elle fut démolie en 1946.

La première église du village date du XIème siècle. Une autre église fut construite aux XIVème et XVème siècles. L’église contemporaine de 1971 comporte des objets datant de ces époques.

Durant cette période, la construction d’une nouvelle église ne constitua pas une exception puisque, entre 1955 et 1975, plus de 250 nouvelles églises catholiques ont été édifiées en Suisse.

Des travaux ayant pris du retard, une prospérité accrue, la modernisation de l’Eglise catholique  (Concile Vatican II 1962-1965), l’influence d’une nouvelle génération d’architectes, dont Le Corbusier (1887-1965) à qui l’on doit la chapelle Notre-Dame de Ronchamp (1955) construite dans la région française de Bourgogne-Franche-Comté, l’esprit moderne de l’évêque de Sion François-Nestor Adam (1903-1990), la présence de nombreux ouvriers et de matériaux de construction, notamment le béton provenant du barrage de la Grande Dixence, le plus haut barrage-poids du monde et le plus massif d’Europe, achevé en 1965, illustre le contexte dans lequel fut édifiée cette nouvelle église.

La municipalité d’Hérémence voue au bâtiment de l’église aussi bien une fonction religieuse qu’une fonction profane puisqu’ils dispose d’une salle de gymnastique, d’une école, d’une bibliothèque, de commerces. L’évêque de Sion a souhaité offrir une place centrale aux symboles et anciens objets religieux.

L’architecte Walter Maria Föderer (1928-2006) s’est associé aux architectes Paul Morisod et Jean Kyburz pour créer l’église de Saint-Nicolas. Ce monument représente aujourd’hui un pan de l’histoire de l’architecture religieuse en Suisse. L’architecture de Walter Maria Föderer est définie comme sculpturale, ce qui est également relaté dans son livre « Kirchenbau von heute für morgen ? » (Construire une église aujourd’hui pour demain ?).

Son objectif était de concevoir un bâtiment neutre servant d’église ou d’espace séculier. Il était convaincu que la meilleure manière d’y parvenir était de réaliser une « œuvre d’art totale » (Gesamtkunstwerk).

Il souligne qu’un bâtiment d’église doit être le centre religieux et social de la communauté dont l’élan est donné par l’amalgame de la sculpture et de l’architecture modernes.

La construction de l’église Saint-Nicolas a débuté en 1968. L’édifice est un remarquable exemple de fusion entre sculpture et architecture, d’association entre bois, béton et lumière et d’attribution entre fonction religieuse et fonction laïque.

Un grand Christ en bois au-dessus de la sacristie date du XIème siècle, la pietà Saint-Théodule (patron du Valais), la statue de Saint-Nicolas (patron protecteur de l’église) et les quatre évangélistes sont des statues des XIVème et XVème siècles. De nombreux tableaux et fresques proviennent de l’église de 1770.

L’église répond à toutes les exigences de la liturgie catholique : elle a une chapelle, un autel, une sacristie, des fonts baptismaux, des sièges disposés en hémicycle autour de la chaire dans un cadre moderne. Le complexe remplit également une fonction sociale, comme mentionné ci-dessus.

La commune valaisanne d’Hérémence comporte deux des plus impressionnants ouvrages en béton de l’après-guerre en Suisse : le barrage de la Grande Dixence et l’église Saint-Nicolas.

Source : Anne-Fanny Cotting, Carole Schaub, L’église Saint-Nicolas d’Hérémence, Société pour l’histoire de l’art suisse (www.gsk.ch), également disponible en allemand et en anglais.

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.