Samnaun-Dorf, Herbst 2020. Photo/Foto: TES.

Samnaun, ses stations de ski et sa zone hors taxes et sans Vallader

Le village de Samnaun (Basse-Engadine, canton des Grisons) bénéficie d’un statut particulier. Proche de la frontière autrichienne, ce village ne pouvait à l’origine être atteint par la route que depuis l’Autriche.

En conséquence, le village fut exclu en 1892 du territoire des douanes suisses. Cette exemption fut maintenue jusqu’en 1912, bien qu’une route fut construite en 1907 vers la Basse-Engadine. Aujourd’hui encore, la commune est une zone hors taxes.

Cette histoire remonte à mille ans. Samnaun fut mentionné pour la première fois en 1089 dans un document des seigneurs de Tarasp.

Les agriculteurs des villages de Ramosch et Vnà en Basse-Engadine s’installèrent dans la vallée de Samnaun car un climat propice et des terres fertiles rendaient possible l’agriculture à plus de 1 800 mètres d’altitude.

Puis, ils ont fondé les villages de Compatsch, Laret, Plan, Ravaisch et Samnaun, bourgs dotés d’églises catholiques, baroques ou modernes, car contrairement aux autres villages de la Basse-Engadine, la vallée est restée catholique (Rhäzuns et Tarasp, en tant que propriété des Habsbourgs, sont restées catholiques après la réforme).

 Samnaun partage son histoire politique avec la Basse-Engadine. Il a appartenu au comté du Tyrol jusqu’à ce qu’il fut repris par les Habsbourg en 1363.

En 1652, la Basse-Engadine racheta aux Habsbourg tous les villages qui appartenaient déjà à l’Etat libre des Trois Ligues (Freistaat der Drei Bünde) alors allié à la Ligue de la Maison-Dieu dirigée par Coire (Gotteshausbund).

Ainsi, la Basse-Engadine retrouva un statut analogue à celui de la Haute-Engadine au sein de la République des Trois Ligues.

Les deux autres ligues furent la Ligue grise (Grauer Bund) et la Ligue des Dix-Juridictions (Zehngerichtenbund). Pour l’histoire, la Ligue grise, dont le nom provenait de la couleur des vêtements portés par l’homme du peuple, s’est alliée entre 1471 et 1524 à la Ligue des Dix-Juridictions et à la Ligue de la Maison-Dieu pour former les Trois Ligues.

A partir de 1803, la vallée de la Basse-Engadine fit partie du nouveau canton des Grisons qui rejoignit la Confédération helvétique.

Martina

Samnaun fut une ville frontalière avec le Tyrol durant des siècles. Mais en 1848, le poste de douane fut déplacé d’abord à Vinadi, puis à Martina.

Depuis Samnaun on ne pouvait rejoindre la Basse-Engadine que par les cols alpins. Ainsi, en hiver, les contacts se limitaient au Tyrol, raison pour laquelle la Confédération suisse a accordé le statut de zone franche pour les marchandises en provenance du Tyrol.

En dépit de la route construite de 1907 à 1912 qui a permis une liaison directe entre Samnaun et le reste de la Suisse, cette situation n’a pas changé, essentiellement pour des raisons pratiques.

Saumnaun est toujours le « petit paradis du shopping des Hautes Alpes », comme il se présente lui-même. En effet, de nombreux frontaliers autrichiens visitent également cette « zone franche » située à 1 800 mètres d’altitude.

Environ 20 000 touristes séjournent à Ischgl et ses environs. Ils font souvent leurs courses à Samnaun, village quasi voisin.

Mais Samnaun mise sur un autre atout. Alors que dans d’autres régions de Suisse, les stations de ski ouvrent désormais pour des périodes plus courtes ou ferment même par manque de neige, le village agrandit ses installations de ski.

La plupart des pistes se trouvent à une altitude (relativement) sûre, entre 1 800 et 2 900 mètres, et la région est en outre reliée à Ischgl.

Le domaine skiable offre ainsi plus de 240 kilomètres de pistes, ce qui en fait l’un des plus grands domaines skiables des Alpes, mais les quelque 850 habitants parlent le dialecte tyrolien et l’ancien vallader n’est plus parlé !

(Source et Plus d’informations: www.samnaun.ch)

Révision: Andrea Zollinger, rédactrice